Archives du Théâtre 140


Au Théâtre 140, Banana-Sliiip, un dessert qu'on aime



La Libre Belgique

16-1-1984

Au Théâtre 140

Banana-Sliiip, un dessert qu'on aime

Leur premier spectacle, « Articule », avait déchaîné l'enthousiasme. On attendait donc le suivant avec une impatience frénétique. Après leur coup d'essai-coup de maître, une suite de sketches enfilés a toute allure à la vitesse d'un 78 tours, les deux « loufdingues » de Speedy Banana (avant, Bubu était avec Boubouche, maintenant il fraie avec Bart Bomps) annonçaient « Sliiip » comme étant un « ballet saugrenu au rythme d'un slow ». Autant dire tout de suite et pour évacuer rapido-presto toutes les réticences que l'effet de surprise étant passé, on éprouve une vague déception par rapport à « Articule ».

Vague est le mot puisque, après un préambule habillé, on retrouve les deux gugusses en slip-Raiser et bonnet de bain-mémère, occupés à des entrechats sur une plage, ou une piscine, on ne sait trop. Ils plongent, nagent, avec les mimiques grotesques d'athlètes bornés en plein effort, ou se dorent le pilule sur de petits tapis de bain, l'air de ces vrais touristes bien stupides qui bronzent idiot avant de s'éclater un petit quart d'heure sur une planche de surf.

On ne peut guère raconter ce spectacle irracontable sous peine d'en ôter toute la saveur désopilante. Juste épingler quelques scènes parmi les plus hilarantes. Exemple ce combat d'arts martiaux, au cérémonial singé dans ses moindres détails, mais le sabre ou le yatagan est une sarbacane qui permet aux sales gosses de lancer des boulettes sur les bancs de la communale.

Les deux cocos tombés d'un drôle de bananier ne parlent pas, ils baragouinent, couinent ou se susurrent des bêtises. Peut-être sont-ce des mots doux ou des laïus philosophiques. Peu importe. Ils se défoncent le plus souvent dans un silence musclé des plus « parlants », fait d'associations d'idées aussi sottes que grenues, de fantasmes drolatiques. On y perd, le latin qu'on a jamais eu, mais on rigole à en perdre sa laine comme dirait un mouton de leur connaissance.

Et on ne pourra plus jamais aller à la piscine ou à la plage sans s'esclaffer en rêvant que n'importe quel baigneur pourrait vous dire bonjour à la façon dont les Speedy Banana tirent leur révérence : en écartant la ceinture de leur Sliiip.

St. J.

Au Théâtre 140 jusqu'au 18 janvier. Du 19 au 21, les Speedy Banana reprennent « Articule ».

Auteur Stéphane Jousni

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Sliiip

Date(s) du 1984-01-12 au 1984-01-18

Artiste(s) Speedy Banana

Compagnie / Organisation