Archives du Théâtre 140


Le 140 pour la 23e fois: ce théâtre, c'est du cinéma!



Le Soir

24-9-1985

Le 140 pour la 23e fois : ce théâtre, c'est du cinéma!

Jo Dekmine, on le sait, n'est pas à un paradoxe près. Ainsi ose-t-il prétendre aujourd'hui, pour annoncer la vingt-troisième saison 140, que la musique, la danse, le théâtre, c'est du cinéma! « Et je me comprends », comme il dit.

Changeant de peau, la couleur de sa salle, sa cabine de régie, ses lumières, ses bureaux, changeant de structure administrative et d'affectations, révisant même son orientation, tout en tenant parole, le 140 cherche et trouve le mot de passe qui l'exprime. Cinéma, cinéma « life », bien sûr, parce que c'est de la vie et que ça bouge : théâtre en mouvement, théâtre-mouvement, moving, movie-théâtre — à brides et à barrières abattues. Avec une sorte de langage commun pour relier entre eux les dix-huit spectacles de la programmation. A vous de le dénicher…

Portes ouvertes, d'entrée de jeu, pour la Fête communautaire du 27 septembre (puis du 1er au 5 octobre), sur La Nuit du plaisir différent de la Compagnie La Rumeur, l'un des rares chocs de l'off-Avignon 85 : un toit d'opéra, un orage, quelques couples, Puccini... En invités de la semaine de culture rock des Halles de Schaerbeek, six zombies aux torses nus : les Trahisons Men de la Mark Tompkins Company dansent comme d'autres donnent un concert (du 15 au 19 octobre). Concert vraiment, et fête à la clé : Sun Ra Arkestra, jazz en fanfare et carnaval — black (le 21 octobre).

Il fut de « L'Ecran Humain » au Plan K, revient en estafette du festival « Gestes » : Michel Lemieux « performe » sa Solide Salad en rock-images (du 23 au 25 octobre). Albert Boadella, le catalan meneur d'Els Joglars, orchestre De Nieuwe Scene anversoise en un Tele Deum sacrilège (29 et 30 octobre), tandis que les six Divas mexicaines chantent Mozart au féminin, et en « Itanol » : Donna Giovanni, érotisme compris (du 5 au 10 novembre). Retour de Desproges, ce Pierre de cœur et de folie douce (du 19 au 23 novembre), suivi du mambo rock de Jazira, from Ghana, Sierra Leone, Bénin et... Grande-Bretagne (fin du mois). Le festival Gestes délègue avenue Plasky les trois judéo-Argentins Carlos Trafic, Benito Gutmacher et Hector Malamud pour relire Hamlet au grand dam de Shakespeare, bouffon royal (7 au 10 décembre), et aussi la Compagnie de la Place Blanche pour danser le XVIIIe siècle « humide » de Prudence ou les émotions subtiles (12 au 14 décembre).

Pas de réveillon, mais un Incident qui fit miracle off Avignon celui du redoutable Epigonen-teater Z.L.V. (janvier). Beaucoup plus « soft », en français dans le texte : Romain Didier après sa redécouverte à la Francofête liégeoise (janvier). Et Karl Biscuit? Du 33 Tours à la danse-rock, incatalogable... (février). Alex Métayer, lui, dit : Liberté chérie, carrément, et « Avec cela, je vais me gêner! » (février). Alex Métayer, lui, dit : Liberté chérie, carrément, et : Avec cela, je vais me gêner! (février). En octobre au Festival du Jeune Théâtre à Liège, en février au 140, la Compagnie du Chapeau Rouge oublie ses employés dans les couloirs du Ministère de la Place de Breteuil. Ni elle, ni lui, ou les deux ensemble, Jenny Bel-Air, ex-videuse au Palace, joue et chante sa Divine décadence (mars). Quant aux sept Buto-women d'Ariadone, de Zarathoustra en Hime, elles entrent dans le sommeil des métamorphoses (mars).

Enfin, pour clore, et Pour en finir une fois pour toutes avec la bonne chanson française, les vilains cocos Liard et Annaix, triomphateurs de Bourges et d'Avignon, font la nique à la Tradition (aux Halles en mars). « Ce qui ne veut pas dire, comme goguenarde Dekmine, que nous n'aimons pas la chanson française. » Tout ça, après tout, c'est du cinéma...

C. DG.

Auteur Cathérine Dégan

Publication Le Soir

Performance(s)

Date(s) 1985-09-24

Artiste(s)

Compagnie / Organisation