Archives du Théâtre 140

Le Soir

3-11-1985

Teledeum : en pré-Saint-Verhaegen

Albert Boadella et sa troupe catalane Els Joglars continuent, dit-on, de déchaîner les foudres de la censure de l'Espagne post-franquiste.

Que le collectif « Internationale Nieuwe Scene » se soit, avec d'autres tels Jo Dekmine, mobilisé autour d'eux plaide évidemment tout à leur honneur et ne rend que plus délicate la critique de ce Teledeum écrit et mis en scène par Boadella, interprété par les comédiens anversois et accueilli pour deux soirs au « 140 ».

Comment, pourtant, tourner autour du pot? Si ce que nous avons vu avenue Plasky est un spectacle professionnel et audacieux, les défilés de la Saint-Verhaegen relèvent dès lors des plus hautes vertus artistiques et contestataires...

Teledeum rassemble sur un plateau de télévision quelques hauts dignitaires des églises catholique, anglicane, calviniste, des Mormons ou des Témoins de Jehova, pour la répétition générale d'une célébration œcuménique retransmise le lendemain en Eurovision. Vous devinez la suite? Nos Messeigneurs et autres Mères sup', tout confits de piété soient-ils, n'en sont pas moins de pauvres pécheurs, taraudés comme tout un chacun par les démons de la jalousie, du pouvoir et du sexe réunis. Bref, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. la messe vire au pugilat, et la satire à la gaudriole.

Le nonce du Vatican joue au foot, l'Allemand cherche sa maman, l'Américaine se prend pour une pop-star, l'Anglais fantasme homo et le pompier de service finit par baisser sa culotte — ouf! on a bien cru ne pas y avoir droit. Mais qui, dites-moi, ces pitoyables clichés pour carabins attardés prétendent-ils encore divertir ou choquer? A bas la calotte — A bas les cabotins... Pouet-pouet et areuh-areuh!

CATHERINE DEGAN.