Archives du Théâtre 140


La nouvelle chorégraphie butô de Ariadone, 'Hime' de Ko Murobushi. Le jeu envoûtant des miroirs japonais



THEATRE 140

SAISON 85-86

SERVICE DE PRESSE

AVANT-PREMIERE

Prière d'insérer s.v.p.

AU THEATRE 140

du ma 18 au sa 29 mars 86 à 2Ouh30

(relâche le di 23)

Impatiemment attendue au 140 après Zarathoustra

la nouvelle chorégraphie butô de

ARIAD0NE

"HIME" de Ko Murobushi

le jeu envoûtant des miroirs japonais

Nous avons tous en mémoire le "Ainsi parlait Zarathoustra" de Ko Murobushi où Carlotta Ikeda et les sept danseuses japonaises d'Ariadone nous emmenaient aux limbes du sommeil, de la sublime lenteur mais aussi de la fébrilité, celle de ces arbres secoués par le vent, une agitation subie, aliénée et dans laquelle, comme lors des ralentis, matrice des gestes recroquevillés, nombre d'entre nous se sont confusément reconnus.

Ce fut l'émerveillement et la stupéfaction de nous identifier à ce point à un langage du corps venu d'Asie. Pour s'apercevoir, comme à travers la littérature et le cinéma, que le Japon est un "autre Occident" livré plus que nous aux contre-coups du stress, aux questions, aux phantasmes inhérents. Pour le dire, la danse butô questionne notre corps, nos fibres, nos veines, ce cerveau collectif qui ne sépare pas l'érotisme, les moments neutres, l'attente, les gestes en arrêt et la soudaine agitation.

"Himé" est semblable et différent. Ko Murobushi a écrit un très beau préambule traduit par Akihiro Ozawa et que nous reproduisons intégralement:

"Himé est un sexe non différencié. En japonais, Himé signifie princesse, mais ce n'est pas le sens que nous lui donnons : pour nous, Himé signifie 'non-femme', 'hi' est une négation et 'me' veut dire femme. Donc Hime n'est ni une femme ni une reine, c'est une force errante "dans un état non différencié, secret et caché - comme un bouton secret qui n'est jamais exposé à la lumière du soleil... Le Secret, le caché, le palpitant, le fragile, le frémissant, la crainte sont les signes de "l'érotisme.

En fait le mot 'himegoto' (ce qui est caché) porte en lui une connotation sexuelle : il indique tantôt quelque chose de sinistre et de dangereux que l'on doit cacher, tantôt quelque chose de fragile que l'on doit protéger du regard.

Himé est une force qui enveloppe la danse et les danseuses dans les ténèbres chaotiques; elle est aussi force ouverte à toute appropriation. La danse butô Himé erre en s'approchant de l'impersonnel, du sexe non différencié, du cosmique, de la frontière (au sens large du terme).

Himé est un fruit étrange qui arrive de la mer.

La voix de Himé, son chant, invoque d'autres Himés. Le rapt divin des Himés. Himé somnole dans son état vierge, cela est son essence. La somnolence des métamorphoses : 'lune-femme-bête', 'étoile-femme', 'poisson-femme', 'esprit-femme'. Himé sonne les cloches d'un temple marin, entre dans un sommeil de verre et se réveille sous la forme d'un oeuf. Tantôt ouverte, tantôt fermée, elle se met à flotter. Vers où? Vers une vie étrange, un autre courant.

Nous dirons encore que la très belle musique de Himé est de Osamu Goto.

AU THEATRE 140

"HIME" ARIADONE

du ma 18 au sa 29 mars 86 à 20h30 (relâche le di 23)

LOCATION : 733.97.08 de 12h à 18h tous les jours sauf le dimanche.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Himé

Date(s) du 1986-03-18 au 1986-03-29

Artiste(s) Ariadone

Compagnie / Organisation