Archives du Théâtre 140


Retour de leur triomphe en Europe, les congénères de Jan Fabre: Epigonenteater z.l.v., Incident. On achève bien les chevaux…



THEATRE 140

SAISON 85/86

SERVICE DE PRESSE

AVANT-PREMIERE

Prière d'insérer s.v.p.

AU THEATRE 140

du je 9 au sa 18 janvier à 20H30,

(relâche les di 12, lu 13 et ma 14)

RETOUR DE LEUR TRIOMPHE EN EUROPE, LES CONGENERES DE JAN FABRE :

EPIGONENTEATER Z.L.V. INCIDENT

On achève bien les chevaux...

Une jeune femme lit péniblement en français au micro les mots-clefs de sa vie affective en se touchant le corps avec embarras, un jeune homme surgit et c'est le couple, même embarras dans les gestes manqués. Un autre couple rentre dans l'ère du jeu. Alors s'engage le plus violente, la plus étrange chorégraphie de mouvements maladroits qu'on ait jamais vue. D'une beauté catastrophique. L'endurance de "On achève bien les chevaux" tourne ici à l'érotisme poétique mais aussi au tour de force pur et simple.

Les quatre membres d'Epigonen ont accepté le jeu dangereux qui consiste à mener nos gestes cahotiques au bout de leur trajectoire, au finish. Sans l'aide des mots, on nous parle ici de la violence dans la douceur et du désordre dans la tendresse avec tout ce qu'elles comportent de saugrenu, de marrant, de bizarremment incontrôlé...

Raconter en détail?

"Dans la pénombre, devant un rideau à fleurs, deux hommes, deux femmes, en rang. Très lentement Afra Waldhor (comédienne suédoise) entame un fou-rire qui gagne les trois autres tandis que s'emplifient la lumière et la musique.

Restée seule, Afra lit au micro quelques définitions du mot "amour" données par les dictionnaires. En même temps, elle se gratte, soulève sa jupe, baisse son slip, se palpe. Lorsque survient Mark Willems, elle sourit gentiment, telle une petite fille qui veut faire oublier une bêtise. Face à Mark, elle commence un numéro d'étrangère délurée. On songe à la jeune héroïne suédoise du film de Jacques Doillon, "Les doigts dans la tête", initiant un apprenti pâtissier parisien.

"On pourrait peut-être s'embrasser. Je connais plusieurs manières", dit Afra. Et le prouve tendrement. Ils recommencent, se ratent, se heurtent. D'autres leçons suivent. Dérapent. Ils se quittent.

Changement de décor : sur le plateau, encombré de chaises en fer, un portique d'où pendent un massif punching-ball et une balançoire. Simone Moesen enfile d'une piètre façon une robe de mariée, s'empare d'un bouquet de tulipes, s'étale, piétine les fleurs, s'escrime avec l'escarpolette, grimpe sur une chaise, bascule. Et confie : 'Le jour suivant, il m'a demandé ma main. J'ai dit : non. Il était très beau.' Puis rate toutes sortes d'acrobaties. Survient Mark, rejoint par Wilfried Van Dyck. On ne sait pas très bien si les deux hommes s'embrassent ou se frappent, se jalousent ou fraternisent.

De nouveau réunis, les quatre comédiens poussent et relancent régulièrement le sac de sable suspendu, une lourde masse (soixante kilos) qui tourne avec eux, les dépasse, heurte parfois un des poteaux, se rabat alors sur les chaises. Ce cirque dure trente minutes. Et toutes les quinze secondes, la bande son 'fortissimo' change violemment (de l'oratorio au rock), modifiant l'atmosphère de façon surprenante. La fatigue physique est latente. Las, les comédiens repoussent mollement l'énorme sac de sable qui revient en balancier bousculer toutes les tentatives de rangement des chaises."

" Ils/elles ont moins de trente ans et savent qu'on ne peut plus, en pleines années 80, raconter des histoires comme hier... S'en tenir à l'incident: évènement perturbant, plus ou moins dramatique, comme donner une gifle ou avoir des mots…' A ce prix, les Epigones parviennent à former un théâtre qui a encore une exigence de vie à communiquer. Un théâtre en mouvement, qui ne cherche pas à dissimuler sa fragilité. Ce type de production est pour moi d'une importance égale à ce que fut, dans les années 60, la nouvelle vague pour le cinéma.

Dans l'épuisement des languages, une fibre grésille et met les sens en alerte. Etre attentif aux incidents."

Pour la Danse / octobre 85

"L'un des bonheurs éclairs du Festival d'Avignon."

Libération

Au Théâtre 140:

"Incident" par le groupe EPIGONEN Z.L.V.

du je 9 au sa 18 janvier à 20H30 - relâche les di 12, lu 13 et ma 14.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Incident

Date(s) du 1986-04-10 au 1986-04-19

Artiste(s) Epigonen

Compagnie / Organisation