Archives du Théâtre 140


'Il Cortile' au Théâtre 140…ouvre la marche d'un premier pas faiblard



La Libre Belgique

3-12-1986

THEATRE

« Il Cortile » au Théâtre 140

... ouvre la marche d'un premier pas faiblard

Au sortir d'on ne sait trop quel cataclysme, quelques personnages, émergés du désastre, errent dans une aube lugubre, à la recherche d'un quelque chose qui pourrait être les autres, et qui est sûrement eux-mêmes. A la recherche de la vie, de l'amour, d'un peu de rêve et de chaleur. Le savent-ils, d'ailleurs, vraiment?

Ils se comportent étrangement. On les sent perturbés, déséquilibrés. Ailleurs. Ils rampent, esquissent des signes, s'agacent mutuellement, se battent, s'étreignent, se touchent, se regardent. Ils s'accordent un instant sur un rythme mécanique. Ils désinfectent l'air. Ils ont des attitudes comiques, bizarres, tragiques, affectives. La lumière s'éclaircit doucement.

Nous, on commence à se lasser doucement de leurs reptations et gesticulations recommencées. On a l'impression d'être installé dans la grisaille et la folie, que rien ou si peu de chose ne se passe vraiment. Et lorsque exulte leur joie puérile de se voir marcher à nouveau, comme un enfant qui ferait ses premiers pas, on s'attendrit doucement, mais on commençait, doucement aussi, à en avoir assez de la sinistrose ambiante, et à se prendre, par osmose sans doute, du gris à l'humeur.

C'est d'autant plus dommage que le groupe Sosta Palmizi de Turin est sympathique. Les danseurs sont jeunes, vifs, précis, soudés en un groupe très uni. On sent qu'ils ont été formés à l'école rigoureuse et très rythmée de Carolyn Carlsson, qu'ils ont pris les leçons de liberté de la modern dance américaine, qu'ils ont vu Pina Bausch. Mais, bien que « Il Cortile » ait obtenu à Milan le prix du meilleur spectacle de danse de l'année 1985, on se doit de reconnaître que l'on ne s'y trouve que rarement ému par une démonstration qui n'innove pas beaucoup, dont l'impact demeure faible et les intentions ténébreuses. Ceci dit, ces jeunes danseurs n'ont sûrement pas dit leur dernier mot. On leur souhaite simplement de s'y prendre et de nous en transmettre un peu plus d'euphorie et de soleil plus brûlant. Ils sont Italiens, que diable!

Monique VERDUSSEN.

Toujours l'Italie!

Et ce jusqu'au 13 décembre grâce aux rencontres théâtrales organisées par l'Association pour la promotion de la culture italienne en Belgique. Un régal ensoleillé

Bruxelles, capitale européenne et grande ville un peu italienne, a été choisie par l'Ente Teatrale Italiono (E.T.I.), l'association théâtrale de Rome, pour y présenter des spectacles sélectionnés parmi les meilleures productions, comme expression complète de la recherche artistique contemporaine. En collaboration avec l'Institut italien de la culture à Bruxelles, l'E.T.I. a confié l'organisation de ces rencontres à Belfagor, association pour la promotion de la culture italienne en Belgique.

Jusqu'au 13 décembre, les spectacles s'égrèneront au Théâtre 140, au Centre culturel d'Auderghem, au théâtre du Résidence Palace et à la salle de l'Institut italien de la culture au sein d'un mini-festival intitulé « Italia in scena ».

Ces rencontres se sont ouvertes avec le groupe de danseurs piémontais, « Sosta Palmizi », qui présente jusqu'au 4 décembre « Il Cortile » au Théâtre 140. La manifestation se poursuit au Centre culturel d'Auderghem avec un classique du théâtre mondial, « La Locandiera » de Carlo Goldoni, mis en scène par Guiseppe Patroni Griffi et interprété par Adriana Asti (qui fut dirigée par Visconti, Ronconi) et Lino Capolicchio (encore ce soir).

Dario Fo, un des acteurs-auteurs les plus célèbres, les plis aimés et les plus admirés en Italie, sera au 140 les 4 et 5 décembre avec « La storia del tigro » et « Il primo miraculo di Gèsu Bambino » : deux monologues à la fois comiques et provocateurs. Le spectacle sera traduit.

La compagnie « Pepe e Barra » présentera au Résidence Palace un divertissement musical en deux temps avec Peppe et Concetta Barra : un récital déguisé en spectacle de variétés. L'esprit de Naples y est tout contenu : cet esprit d'incertitude et d'égarement qui par enchantement devient comique. Au début, c'est Polichinelle avec son masque noir et son costume blanc. Suivent les chansons, les couplets, les caricatures du répertoire populaire, qui connurent un grand succès au Festival d'automne de Paris (les 9 et 10 décembre).

Le théâtre del Caretto proposera son interprétation du conte de Blanche-Neige avec de grands pantins en papier mâché, des acteurs masqués et de petites marionnettes. « Biencaneve » base ainsi son travail sur la confrontation entre l'acteur et l'automate : une armoire pleine de surprises pour une fable capable de fasciner les enfants et les grandes personnes. (A la salle de l'Institut italien, rue de Livourne, 38, les 12 et 13 décembre.)

Ces rencontres en forme de mini-festivals s'annoncent d'ores et déjà prometteuses pour qui désire approcher la création ensoleillée de l'Italie.

Rens. : 02/660.03.03 (Auderghem); 733.97.08 (140); 217.06.69 (Résidence Palace); et 538.23.79 (Institut italien).

Auteur

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Il Cortile

Date(s) du 1986-12-02 au 1986-12-06

Artiste(s) Sosta Palmizi

Compagnie / Organisation