VENDREDI 25 JANVIER 1957

L'avis d'Hugo Claus sur son jeu "Son et Lumière"

Nous avons dit hier ce que nous pensions du jeu « Son et Lumière » que la ville compte organiser cet été dans les ruines de l'abbaye St-Bavon. Le hasard nous a mis sur le chemin de M. Hugo Claus, l'auteur du jeu, rentrant d'un séjour à Paris, qu'il a trouvé morne et vivant sous l'impression de remous politiques... Comme on le sait, Hugo Claus, Brugeois de naissance, Courtraisin d'adoption mais établi à Gand, est considéré comme un des meilleurs éléments d'avant-garde de la littérature flamande. Certaines de ses œuvres ont connu de très vifs succès, même à Paris. Nous l'avons évidemment pressé de questions au sujet de son œuvre écrite à la demande de M. Jacques Van der Stegen, échevin du tourisme.

«Je l'ai réalisée, nous dit-il, après avoir compulsé quatre à cinq des plus importantes biographies de St-Bavon ».

Comme condition essentielle, Hugo Claus avait exigé de pouvoir créer le jeu sans être lié par quelque donnée que ce soit.

«J'ai conçu ce jeu en toute liberté, nous affirme-t-il, et l'ai adapte à notre temps afin de pouvoir le rendre vivant Daniel Sternefeld assurera la partie musicale, tandis que le jeu lui-même sera interprète par les acteurs de l'I.N.R. »

Afin de pouvoir se rendre compte de la formule utilisée en France, la ville lui a permis de voir les jeux similaires, qui connaissent ces dernières années un réel succès touristique en France. Ces jeux « Son et Lumière » ne durent que trois quarts d'heure environ, tout comme celui qui sera présenté cet été à Gand. A notre question tendant à savoir si l'abbaye St-Bavon se prêtait à pareille manifestation, M. Claus nous a semblé très sceptique. Ainsi qu'on l'a déjà souligné, on ne disposera à l'abbaye St-Bavon que de 250 à 300 places...

«A Chenonceaux, où j'ai trouvé le spectacle le plus beau, les organisateurs disposaient d'une immense esplanade, qui permettait de recevoir journellement deux à trois mille spectateurs, nous précise M. Claus. Je ne vois pas très bien comment on pourra présenter pareille chose à l'abbaye Saint-Bavon, on le public, ne jouissant d'aucun recul, se trouvera nez à nez avec le spectacle. Il faudra déployer des efforts extraordinaires de technique et de régie pour compenser cette lacune de place. L'emplacement des ruines de l'Abbaye Saint-Bavon, située en dehors du circuit touristique de la ville, n'est e´galement pas l'idéal ! »

Ainsi les appréhensions formulées par MM. Verhelst et Eeckhout au conseil communal de lundi dernier, se justifient une nouvelle fois. Cela prouve d'autre part, combien il est dangereux d'improviser dans ce domaine ! Nous souhaitons quand-même bonne chance à l'échevin van der Stegen!

J.H.